Marc-Antoine Fehr

Dialogues inattendus au musée Marmottan Monet, 2023
Author: Erik Desmazières

Editor: Musée Marmottan Monet, Paris

Publisher: Musée Marmottan Monet, Paris.

EUR20

Softcover, 23.4 x 28.4 cm, French/English

 

À l’invitation qui lui a été faite par le musée Marmottan Monet, de dialoguer avec ses collections, le peintre suisse Marc-Antoine Fehr, prend pour point de départ Le Pont de l’Europe, Gare Saint Lazare (1877) et Champs d’iris jauneà Giverny (1887) de Claude Monet.

 

De ces deux tableaux, Marc-Antoine Fehr retient leur potentialité narrative rendue possible par l’instantanéité de la vision de Monet fixant sur la toile le caractère éphémère du motif pris sur le vif. Jouant de cet effet, il propose de présenter sur trois murs de l’espace d’exposition un ensemble de 240 gouaches, chacune de format 7,5 x 101 cm où viennent se superposer les deux œuvres de l’impressionniste. Initié en 1999, et appelé à juste titre Le Pays sans fin, ce travail, toujours renouvelé selon le lieu qui l’accueille, est amené à se poursuivre sans fin programmée.

 

C’est un voyage au départ de la gare Saint Lazare que l’artiste propose ici aux visiteurs sans que l’on en connaisse la destination. Le paysage défile à tout allure depuis la fenêtre du train. Comme le voyageur qui ne saisit qu’un fragment continu de ce qu’il voit, celui qui arpente l’exposition ne peut embrasser l’œuvre d’un seul regard. Le Pays sans fin invite à cheminer physiquement et visuellement dans la matière colorée afin de voir apparaître des silhouettes fugitives, des architectures désertes ou une nature silencieuse.

 

Avec cette œuvre in-situ, l’artiste perturbe le rapport d’échelle. Ainsi, le personnage de la Grande Parade (2022) semble s’être détaché des gouaches qui l’ont vu naître pour se déployer dans un format monumental. Cet enfant, dont les contours hésitent entre apparition et disparation, peut reprendre à lui seul ce qui fait la pratique de Marc-Antoine Fehr : partir d’une réalité, qu’elle soit un objet, un lieu ou une photographie prise par l’artiste, pour glisser vers un rêve que la matière picturale rendra tangible.